HYPNOSE MEDICALE : l'INVENTION DE L'HYPNOSE
Decembre 2012/mai 2013
“ La Parole est Moitié à celui qui parle , Moitié à celui qui écoute “
Montaigne Les Essais III , 13, 1694
Les pratiques rappelant l’hypnose remontent aux premiers temps de la communication : verbale , non verbale . Sous des modalités diverses , la transe - moment majeur de l’hypnose - a accompagné le développement et les echanges de l’homme au cours de ses périgrinations au fil du temps , à travers l’espace . On ne reviendra pas içi sur l' histoire de cette nébuleuse pratique du lointain Orient à l'actuel Présent .
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En Europe le marqueur de départ est le magnétisme animal de Mesmer : il est le pont entre la période magico/religieuse et la période laïque :avec lui on passe des exorcismes de Gassner aux expériences de physique ,chimie , électricité , electricité etc si en vogue à l’époque des Lumières : c’etait l’époque des premières Montgolfières , machines à vapeur , gaz hydrogéne etc c’était aussi l’époque où la lanterne magique , largement démocratisée , faisait place au fantascope de Robertson associé aux variations d’éclairage de la scène et de la salle :
ce fut un peu l’ancêtre du travelling cinématographique et la métaphore de quelques procédés d’hypnose .
Mesmer par ailleurs participa au débat des nouvelles idées avec les sociétés de l’harmonie Universelle et cette influence se retrouve dans le façonnage de la pensée pré révolutionnaire française , issue des Lumières .
Darnton en montre l’imprégnation chez nombre d’acteurs du monde politique culturel et social fervents adeptes de Mesmer et des Idées Nouvelles :Mais il pense que - à l’instar d’autres expérimentations farfelues de ce temps - la démarche et l’attirail charlatanesque de Mesmer ont terni l’essor des Sciences et ont obscurci la modernité ouverte par Voltaire et ses alter ego européens : cependant les “ spectacles “ de Mesmer n’occultent pas les études et travaux de savants tels , Condorcet , D’Alembert , Diderot , Farhenheit , Franklin , Galvani , Laplace, Lamarck , Lavoisier et tant d’autres . A dessein ce long rappel énumératif témoigne du bouillonnement des recherches dans tous les domaines : on passe de l’ére préscientifique à l’ére scientifique , au delà de la pensée magique , des croyances , des savoirs et des pratiques issues de ce courant de pensée que résume l’ Alchimie que pourtant Newton n’a jamais abandonné .
Malgré tout le bric-à-brac Mesmérien , la Relation , au temps des Idées Nouvelles , n’oblitére pas la démarche scientifique , hier pas plus qu’aujourd’hui .Celle çi ne peut non plus en Médecine faire l’impasse sur la Relation .
Elle n'est pas seulement singulière ,parfois collective et les encordements de Mesmer autour du Baquet , autour des reverbères de Paris préfigurent les thérapies de groupe si bien popularisées par Irvin Yalom
la vogue du Mesmérisme surligne aussi le retentissement social du magnétisme animal, l’importance de la croyance aux interéactions homme/univers et homme /homme , intrapersonelles , non seulement dans les classes populaires mais dans les couches les plus instruites de la société , les plus politisées aussi . La Fayette s’en enticha , Benjamin Franklin s’en détourna et Mesmer quitta prudemment Paris à l’aube de la Révolution. Bergasse et Brissot , de la Societé des amis des Noirs , le pratiquèrent avant de s’en détourner, lassés aussi par le mercantilisme de Mesmer.
le Mesmerisme devient alors “ la Contre Révolution des Somnambules “
de Puységur fit un même reproche à Mesmer , regrettant amèrement les cent louis d’or versés pour connaitre son “ secret “ .
Ce retentissement fut cependant si grand à l’époque de Mesmer à Paris qu’on pourrait rapprocher la ferveur populaire suscitée par les séances de magnétisme des mécanismes de la psychologie des gens en foule ( Le Bon ) : automaticité des comportements , unicité d’expression de “ l’âme collective “ , abaissement du niveau de raisonnement .
Mais ce serait une erreur de confondre le phénomène hypnotique avec cet automatisme de Le Bon : l’imitation interindividuelle de Tarde est bien plus proche de l’hypnose médicale actuelle .
Avec des attributs divers-,cette pratique a donc passé - sans encombre mais non sans passions - des temps magiques aux temps religieux puis au temps laïque , ensuite au temps psychologique pré scientifique au sens de Bachelard et maintenant elle entre dans le champ d’exploration des neurosciences auquel elle ne se réduit pas .Elle s’adapte fort bien à notre ére numérique , s'épanouit avec la réalité virtuelle , ses interfaces et ses avatars ..
Elle préfigure la réalité augmentée , l’intrusion du virtuel dans le monde réel , les essais - et réussites- de commande motrice par la pensée (exosquelette),version moderne de l’idéomotricité tout comme jack Sully dans le film éponyme de James Cameron.
Du temps des Cavernes , des Temples , des Chapelles religieuses et profanes , au laboratoire neurophysio et psychobiologique , aux centres de neuroimagerie statique ou fonctionnelle ,au labo des neurosciences donc , aujourd’hui comme hier elle reste dans le champ de “l’énigme de la Relation “ ( Chertok )
l’état hypnotique conserve sa singularité : n’avoir aucune spécificité sinon son universalité
celle aussi de ne “ jamais se baigner deux fois dans la même eau du même fleuve “ ( Héraclite )
l’hypnose , un des processus universel de l’échange se dérobe souvent à toute analyse exhaustive ,à tous critères de la science actuelle : elle n’est pas du champ du constamment reproductible , donc hors des sciences dures :
elle est ET elle n’est pas , d’où l’emploi de cette conjonction de coordination potentielle , ouvrante , au lieu du OU conjonction ( op) positionnelle , fermante. Elle est aussi hors du linéaire. Elle est donc hors du cadre de raisonnement et compréhension habituels .
Elle ne se limite pas au champ médicopsychologique mais parcourt les salles de spectacle , le cinéma , la rue actuelle
( street hypnose )
le cinéma par exemple est un art où l’hypnose tient une grande place , de la scène au public , bien sûr, mais aussi par l’interréaction acteurs/réalisateur : toutes les techniques de l’hypnose y sont utilisées , toutes les possibilités et effets , des plus caricaturaux aux esquisses les plus subtiles .
Raymond Bellour :“ le corps du cinéma : hypnoses , émotions , animalités “ donne une analyse du phénomène hypnotique plus intéressante que celle de bien des manuels dédiés .
la Rue ( street hypnose ) modernise les techniques de fascination ( Donato ) et de suggestion (abbé de Faria ) Hors des techniques de manipulation , on peut y trouver la semblable attention que Hull et Erikson attachaient à la Psychologie relationnelle ainsi que les abords directifs qu’ils pratiquaient en Hypnose , un peu oubliés au profit des seules approches indirectes .
il n’est donc pas inintéressant de parcourir quelques sites consacrés à ce sujet , parfois plus instructifs que certaines séances d’initiation.
l’Hypnose permet une “ découverte “ au double sens étymologique : in venire :
1/ mise à la surface de la conscience actuelle des éléments d’une autre réalité possible
2/ leur réarrangement
Cette invention pourra sortir - et pas - le sujet de “ l’ hébétude “ actuelle ( hypnos ) avec l’aide du guetteur /éveilleur : hypnos certes mais au sens des Feuillets d’ Hypnos de René Char : le guetteur vigilant , celui qui veille sur l’assoupissement de la nation asservie, sur la Résistance en sommeil , métaphores du sujet gisant sous le mal qui l’enchaine, sur le combat prêt à reprendre .
ambigüité de ce terme qui ne dévoile guère le champ d’applications des possibles à ce jour , pas plus que la compréhension actuelle que nous en avons et que nous reflétons dans nos pratiques au delà des seules pistes des applications historiques , des neurosciences - et de la neuro-imagerie - , fort intéressantes mais peu spécifiques :
Le phénomène hypnotique est fréquent dans la vie et activités de tous les jours - hypnose dit naturelle - et emprunte notamment les circuits neuronaux de la perception , de l’attention , du langage , de la motricité , des aires préfontales au cortex cingulaire , à l’insula , au précuneus etc sans oublier les connections multiples avec d’autres aires ou structures: l’amygdale limbique , l’hippocampe , l’hypothalamus , le cervelet et leurs relations avec le cortex sensori -moteur , le tronc cérebral , la moelle épinière.
les observations issues des techniques de Chirurgie eveillé ( prof Duffau Inserm 1051 /Chu Montpellier France ) ont bien montré que les aires cérébrales ne sont pas spécifiquement dédiées - exemple l’aire de Broca pour le langage - mais agissent en connection avec d’autres aires ou parties d’aires cérébrales et non pas seules : il n’y a pas plus de zone spécifique propre à l’hypnose qu’à d’autres activités mentales.
la Connection ACTIVE , intrapersonnelle, interpersonnelle , universelle est le maitre mot en Hypnose c’est la Communication
Il ne faut pas oublier non plus le complexe jeu neuro endocrine , les différentes modifications de l’activité electrique cérebro medullaire renvoyant à une modulation de la neurogénèse cérebrale donc à la réalité de la plasticité du cerveau , et sans doute à une modulation du système immunitaire dans le cadre plus général d’une modification épigénétique de l’expression des gènes de l’individu , sujet sans doute de futures recherches au delà des hypothèses psychobiologiques / génomiques de E Rossi .
les travaux de Maquet/Faymonville et collaborateurs , Ranville et bien d’autres annoncent ceux recueillis lors de situations de méditation , spirituelle et laïque dite “de pleine conscience “, travaux mieux documentés à ce jour en particulier par D .Spiegel , A Lutz .
Quoi qu ‘il en soit ,
une clé du process de l’hypnose , est bien rendue par la conjonction ET :
Passage du vocabulaire à la syntaxe , elle est la métaphore grammaticale du sens de l’hypnose , du mouvement qui dilate l’espace /temps , et dans cette expansion, pour reprendre l’expression de Paracelse , l’âme ( l’esprit ) “ va fabuler avec l’âme de l’ Univers “
belle prémonition et belle métaphore du “ voyage “ qu’est l’hypnose , vagabondage loin de la « durée « ( Bergson ) des dimensions actuelles spatiotemporelles, dans ce monde interconnecté, l’Unus Mundus , tel que le pensait Paracelse où du plus grand ( Macrocosme ) au plus petit (Microcosme ) tout se correspond , se répond , se comprend si on en sait en lire Signes et Correspondances ....
Du stade de la Domination , à la Suggestion en passant par la Fascination jusqu’à la Coproduction actuelle - où imitation , imagination , invention sont au premier plan ,l’hypnose est passée par bien des tentatives explicatives , des types de pratiques qui firent et font encore débat .
Dans l’étude de l’hypnose médicale , on passe délibérément sur les grands classiques qu’on trouve dans tous les manuels .
beaucoup sont simplement narratifs , explicitant les codes de pratiques générales actuelles , mais on ne peut oublier ceux qui tentèrent de donner sens et,plus qu’un énième article sur la pratique en cabinet , à l’hopital , de l’hypnose médicale , cet article tente de se situer dans ce sillage de reflexion : qu’est donc l’Hypnose ?
cette question a agité de nombreux penseurs ,
: de Maine de Biran à Roustang en passant par Janet , Chertok pour rester dans la sphère française sans oublier non plus les Philosophes ( Hegel , Schopenhauer , Bergson etc) et Ecrivains ( Poe , Balzac ,Hugo etc) pour n’en citer de façon arbitraire qu’un petit nombre, sans oublier , primum inter pares , l’inclassable Paracelse dont les methodes spagyriques - séparer et recombiner /relier - offrent de belles similitudes avec le processus de l’hypnose médicale .
Et bien sûr , G de Tarde , père français de la psychologie sociale dont l’analyse sur l’imitation cette “autre hypnose “ éclaire le processus du fait hypnotique.
Platon et Aristote s’étaient déja fortement interessés au phénomène de l’imitation , notamment dans les Arts
avec une vue créative , dynamique de la Mimésis pour Aristote, au delà de la simple copie-représentation attribuée à Platon : “ Imiter est naturel aux hommes, et se manifeste dès leur enfance et c’est au moyen de celle-ci qu’il acquiert ses premières connaissances et, en second lieu, tous les hommes prennent plaisir aux imitations “ (Poét, 48 b 5)
c’est l’ ancetre des théories de Andrew Meltzow , sinon du “ désir mimétique,“ dynamique de René Girard
avec la triangulation sujet/objet /médiateur proches des relations interpsychiques de Tarde dont un substrat neuro anatomique est bien décrit par Rizzolatti avec les neurones miroirs .
fort de ces travaux , aujourd’hui on peut dire :
l’imitation ne se limite pas à la reproduction de l’action observée , elle anticipe le mouvement ( le but ) de l’action observée , le complète voire le corrige : elle n’est plus du seul domaine de la Représentation mais de l’Intention et du Désir .
l’Imitation est la clé qui ouvre toutes les portes a dit Taine .
Ainsi en est-il de l’ Hypnose .
au delà du simple Mime , au delà de l’Apprentissage , elle est Invention .
Spinoza écrivait déja dans l’ Ethique livre III :
“ et par suite, de ce que nous imaginons une chose semblable à nous affectée d’un certain affect, nous sommes affectés avec elle d’un affect semblable “
Spinoza est un des précurseur de René Girard ,celui aussi de l’interpsychologie de Gabriel Tarde .
l’imitation ainsi conçue est une force analogue pour Oughourlian à la force gravitationnelle de Newton et aussi universelle qu’elle . Cette “ Mimesis “ , pour cet auteur fait que le sujet imitant a toute son attention captée par le sujet imité: elle est une force d’attraction des étres humains les uns envers les autres , déterminant l’intérêt mutuel qu’ils se portent : l’ Empathie , support de la Relation .
cette force Mesmer l’a noyé dans une douteuse interréaction planétaire dont le déréglement conduit à la maladie .
le fluide magnétique - hors du contexte des théories fluidistes - peut etre pris comme la métaphore de cette attraction qui permet de retrouver à la fois Mesmer à la fois la commission Royale qui le condamna en retenant néammoins “ l’influence de l’imagination “ prolongement de l’imitation .
ce désir est projectif : l’imitation ainsi vue devient créatrice tout comme le travail du patient dans la transe , moment capital de l’hypnose où le patient va dépasser - et pas - le mouvement du thérapeute pour créer sa propre solution .
L' imitation est le moteur de l’humain aux premiers stades du développement (Meltzow ) et ce qui est valable pour la construction de l’enfant est tout aussi valable pour la reconstruction du patient : il va se “ ré- inventer “.
avant Meltzow , J.M Baldwin ( 1897) l’avait écrit : “ le sentiment du moi se développe par l’imitation de l’autre , et le sentiment de l’autre s’enrichit en proportion du sentiment du moi “
bel aperçu de la circularité soignant /soigné , de l’ Attachement , donc de l’Environnement , tiers élément de ce trinome .
Le patient s’appuie sur le thérapeute dont les techniques vont lui permettre - et pas - de se mettre dans l’ état - la transe -où ce travail pourra - et pas - se faire : le thérapeute l’accompagne il est le pont sur lequel la “ Crédivité “( Durand de Gros ) - et non la crédulité -lui permettra de retrouver sens :
: le thérapeute , médiateur externe ,le renverra vers son désir : déplacer la problématique actuelle , franchir le pont entre deux niveaux de perception ou de conscience , ouvrir la porte pour retrouver un autre chemin de pensée , de création qui va faire sens et cela par des procédés comme la métaphore , l’avatar , le jeu classique ou virtuel dont Caillois a souligné l’importance , véritables médiateurs internes de l’ Invention du sujet.
cette Invention de l’individu - travail interactif -est un marqueur de l’ Hypnose .
On retrouve à la base le triangle de réciprocité mimétique - géometrie du désir -( r. Girard )
Le désir du patient rivalise avec le désir du thérapeute et le dépasse pour imposer à l' objet commun : la “ guérison “ le contour et le sens que lui seul définit .
c'est la seule “ violence “ de l'hypnose médicale , violence nécessaire pour l'arracher à l'hystérésis qui le paralyse .
Montaigne souligne cet aspect de rivalité : si la parole est partagée , si l’autre parle à travers moi , il ne faut pas oublier le caractère compétitif de cette parole , anticipant la rivalité mimétique : Montaigne compare ce dialogue à une partie de jeu de paume , donc à un affrontement où il s’agit pour l’autre de se compter ( se mesurer ) avec l’un : ainsi en hypnose : le thérapeute ne va pas forcément se réduire au champ , à la pathologie du soigné , le soigné ne va pas se limiter à la présentation du thérapeute mais transformer et dépasser son expression .En paraphrasant Montaigne ( III ,I,1239 ) on pourrait dire que içi :
“ un parler ouvert ouvre un autre parler et le tire hors , comme fait le vin et l’amour “
au delà de la pâle photocopie du désir de l'autre , il y a création originale du sujet qui retrouve ses capacités de projection .
Ce triangle anime désirs et croyances base de l’interpsychologie de Tarde : l’imitation agit comme “ une onde ou un courant magnétique “ qui se propage entre les individus .
on redécouvre aussi le magnétisme animal où le terme “animal “ exprime l’ affectivité comme les “ esprits animaux “ animent le corps , comme “ l’âme sentante “ prend le pas sur l’âme raisonnante, , tout comme la sensorialité archaïque primitive , à l’instar de celle unissant le foetus à sa mère ( Hegel ), prend la place d’une sensorialité plus élaborée .
c’est ainsi que l’état hypnotique a perduré à travers le temps magique , religieux , laïque , préscientifique sans perdre son originalité : d’être et de ne pas être selon la capacité à établir une relation inter et intra personnelle .
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ce fait échappe a toute rationalité scientifique : l’hypnose n’est pas du champ de l’ E.B.M si par E.B.M on traduit le terme “ évidence “ par preuve : les termes - subjectifs - de témoignage , de fait constaté , conviennent mieux à cette pratique qui n’a jamais prétendu comme d’autres , telles la psychanalyse ou l’homoéopathie,- autres pratiques de la pensée magique - a quelque appartenance à la démarche scientifique , aux sciences dures donc .
et ceci comme pour tout autre pratique psychologique ne lui enlève aucune valeur thérapeutique si on ne cherche pas à la sortir du champ de subjectivité interdividuelle mais plutôt à en exprimer toutes les possibilités .
Hegel déja le disait à propos du magnétisme animal : “ dans ce champ, pour croire cela même que l’on voit avec ses propres
yeux et plus encore pour le concevoir , la condition fondamentale est de ne pas étre intimidé par les catégories de l’entendement “
on croit entendre Paracelse renvoyant les disciples d’ Avicenne et Rhasès ( Alexandre Koyré ) à leur ignorance de la Nature - Vie et de ses Courants (De natura naturalium ) , rejoignant ainsi Héraclite dans le flux vital : pas plus Héraclite que Paracelse ne catégorisaient entendement et raison .
“ On ne se baigne jamais deux fois dans la même eau du même fleuve “. De même on ne refait jamais la même hypnose .
cette métaphysique du devenir se retrouve dans l’Impermanence Boudhiste , le chemin - Tao - de Lao Tseu: l’état hypnotique reflète bien la dynamique de ce flux .
le travail en Hypnose est dialecticien , le flux et le reflux des interactions réciproques n’est pas toujours évident :
“ l’ Harmonie invisible vaut mieux que celle qui est visible “ dit aussi Heraclite .On peut rapprocher cette citation de la Relation , Variation énigmatique ......
Cette relation - de quelque façon qu’on décrive ce rapport , est la base sine qua non du fait hypnotique et pour reprendre un terme psychanalytique , une alliance pour un but commun , pas toujours atteint par les moyens utilisés mais souvent par la propre inventivité du sujet stimulé qui lui fait prendre des chemins différents pour un possible gain toujours commun .
le thérapeute “ imite “ le patient , le patient “imite “ le thérapeute , chacun s’enrichit des potentialités de l’autre ,
Encore Montaigne : le détour par l’autre permet le retour sur soi et la connaissance de soi est un prélude vers un autre possible, ou pour reprendre P Ricoeur “ se voir soi même comme un autre ‘
pas de position up ni down , éloignement nécessaire des savoirs au profit d’une attention vigilante ( cf le guetteur Hypnos ), réciprocité des courants d’affects , plasticité d’attitudes et de réponses , présence surtout de l’empathie , définie ( Decety ) “ comme la capacité à comprendre et partager les états émotionnels et affectifs de l’autre “.
les neurones en fuseau découverts par Von Economo il ya longtemps semblent jouer un rôle dans l’empathie à l’image des neurones en miroir ( Rizzolatti/Gallese ) pour l’imitation.
on retrouve aussi la notion d’ “attachement “( Bowlby) qui renvoie à l’image du foetus et de sa mère ( Hegel ) : il est porté par l’âme de sa mère tout comme le sujet est porté par le rapport établi avec le soignant , attachement “ sécure “ bien sûr au sens de mary Ainsworth .
Sans oublier cependant la nécessaire distance qui évite d être dépendant et otage du sujet
René Girard le dit « L’imitation ne se contente pas de rapprocher les gens, elle les sépare, et le paradoxe est qu’elle peut faire ceci et cela simultanément. »
“ épouse et n’épouse pas ta maison “ ecrit aussi rené Char dans les feuillets d’ Hypnos
en résumé “ l’âme sentante “de l’un ( Hegel ) rencontre l’ l’âme sentante de l’autre dans un mouvement réciproque de sensorialité et, un pas de plus , si on reprend Paracelse - un peu oublié sur ce sujet - l’âme “créante “de l’un rencontre l’ âme créante de l’autre et de ce double mouvement - sensation /action nait - et pas - une autre réalité et donc la sortie de l’état actuel.
Merleau Ponty (1945) le disait aussi “ tout se passe comme si les intentions de l’autre habitent mon corps ou comme si mes intentions habitent le sien “
le travail en Hypnose est mouvement et évolution : Il Sépare et il recompose , relie .
On retrouve de nouveau içi Paracelse et la Spagyrie
cette vue de la relation thérapeute /patient fait aussi songer à la double hélice de Watson et Crick , dont l’agencement réciproque est le support de l’information génétique tout comme “l’agencement “ patient/soignant est une condition indispensable et le support d’une possible reconstruction .
En immunologie aussi l’affinité anticorps/antigène - paratope /épitope - conditionne la réponse immunitaire .
ces similitudes - pour reprendre un terme plus Occultiste que Hahnemannien - replacent dans le contexte premier du magnétisme animal de Mesmer , sans oublier les visions Paracelsiennes : les planètes et leurs “ influences “- que n’a pas negligé Jung - peuvent étre prises comme métaphore /médiateurs de la relation tout comme on a pu réattribuer au terme “ animal “ son rapport etymologique avec l’ âme qui s’en va “ fabuler “ avec celle de l’univers ....
Du microscome au Macroscome
Du désir mutuel et des croyances associées , synchronisées de ce binome sortira - et non - le travail dynamique - projectif de l’état hypnotique dans un espace hors de l’espace/temps actuel mais dans un espace /temps élargi , lors de cet état de conscience modifié - selon la terminologie en cours - en tout cas état de conscience non habituel , surtout état de perception augmentée - état /moment de perceptude selon Roustang - où le sujet se connecte au non-conscient du moment .
cette imitation est gestuelle , verbale, explicite , implicite , environnementale ou restreinte, toujours évocatrice , mais sans cette intersubjectivité rien de positif ne peut se faire et c’est cette synchronicité qu’on retrouve par exemple dans le cinéma : de l’acteur au metteur en scène , de l’ecran au public , dans le rebond des émotions lors de la lecture d’un roman , la vue d’un paysage , d’un tableau etc
tout ce processus - non spécifique à l’hypnose - mais présent dans tous les échanges se traduit bien par l’activation des différentes aires cérébrales retrouvée à la neuroimagerie qu’eclaire le réseau des neurones -miroirs au delà de l’activation du SNC et SNA, au delà de la cascade immunologique et endocrine .
on la retrouve aussi dans la neurocinématique , dans les pratiques de ciblage du neurocommerce et tout banalement dans nos echanges quotidiens avec le voisin .
- ce duo interactif soignant /soigné est nécessaire à l’hypnose car il permet son induction par le lien de l’interdividualité
le rôle du lien , de l'attachement par le geste, la parole , le regard , la mimique, la musique , la danse etc au delà de la simple imitation est capital et les travaux récents ( sciences 2015) soulignent le rôle de l'ocytocine dans l'établissement de la relation et pas seulement dans le cas mère/enfant .
- ce dipôle est donc biface de la“ réciprocité mimétique “ ( Oughourlian ) : il n’y a pas en effet d’imitation sans suggestion et réciproquement et cela sans se limiter au seul champ de l’hypnose mais dans tous phénoménes de développement et d’echanges :
/ biface aussi car il va entailler “ l’entendement “ c’est à dire la perception consciente limitée par le raisonnement actuel .
/biface également car il va entailler l’enkystement du sujet et de cette ouverture pourra naitre tous les possibles .
duo interactif , dipôle , biface , bien des expressions pour cette relation interdividuelle , mais aussi selon la belle formule d’ irvin Yalom : compagnons de route. Chemin faisant , la Dialectique engendre la Dynamique : l’Hypnose n’echappe pas à cette loi générale , du questionnement préalable au suivi post hypnotique .
l’imitation au sens d’intention est donc bien démontrée : René Girard par le désir mimétique , andrew Meltzow par les études sur le développement du bébé et de l’enfant , Gallese/Rizzolatti par la mise en évidence des neurones miroirs ( ou peut etre du fonctionnement des neurones en mode miroir ? ) dans cet espace interneural où se déroule l’essentiel de l’hypnose .
et c’est bien dans cette interdividualité,, dans cette intersubjectivité active dont le lieu et l’espace est la transe que va se faire - et pas - le travail productif de l’hypnose , au delà de la seule imitation .
on retrouve le marquis de Puységur , defricheur de la psychologie relationnelle : sceptique sur l’attirail magnétique de Mesmer , il a bien vu que le rapport suggestif , verbal -, dans le cas de victor Race - entrainait l’apparition des phénomènes somnambuliques et on ne peut s’empecher de voir dans la “ lucidité “du jeune paysan l’imitation du “désir de guérison “ du marquis -appelée içi volonté - qu’il reproduit .
Le marquis note : “ c’est avec cet homme que je m’instruis, que je m’éclaire . Quand il est dans l’état magnétique , ce n’est plus un paysan , c’est un être que je ne puis nommer . Je n’ai pas besoin de lui parler , je pense devant lui et il m’entend , me répond . Vient-il quelqu’un dans la chambre ? il le voit si je veux , lui parle , lui dit les choses que je veux qu’il dise , non pas telles que je les lui dicte mais telle que la vérité l’exige. Quand il veut dire plus que je ne crois prudent qu’on en entende , alors j’arrête ses idées , ses phrases, au milieu d’un mot et je change son idée entièrement “
tout est dit dans ce passage où volonté et désir se confondent dans les mots dont chacun pèse .
le marquis de Puységur passe à juste titre pour un des pères de l’hypnose actuelle car il a dit l’importance de la relation que Mesmer a caché sous ses artifices .
un degré au dessus , l’imagination inventera “ désir et croyances “ en création
l’ Imagination n’est ni la Fantaisie de Paracelse ni le Fantasme de Madame Bovary
Elle est indissociable du mouvement de l’imitation qu’elle exprime .
et l’hypnose tire toute sa richesse de cette possibilité .
il ne s’agit donc pas de fantaisies ou illusions : Paracelse ce grand vagabond des rites , mythes , contes tirés du fonds populaire le précisait déja .
Il ne s’agit pas non plus de quelconque Bovarysme stérile à la jules de Gaultier mais il s’agit bien de la production non seulement d’images porteuses d’un possible changement mais aussi d’actions positives qui débordent de l’écran vers l’espace personnel, comme au cinéma les images passent de l’écran au public: celui çi absorbe à sa façon le message qu’il décode , traduit et peut activer - et pas - à travers sa propre sensorialité ,intelligence et motricité :
il ne sépare pas entendement et raison .
il peut ainsi créer un scénario, avec son propre esprit , son propre imaginaire mélés à celui du metteur en scène , ceux des acteurs et in fine le réaliser : Panta Rei , tout s’écoule , on change de niveau ,pas de réalité mais d’échelle de perception.
L’imaginaire , la sensorialité du patient se mélent à celle du soignant , chacun se charge des affects de l’autre par un désir commun dont sortira peut étre le “ self -between “
ce “ moi-entre-deux “ point de départ vers un “ autre moi “ que celui qui pose problème.
et ce moi autre surgit de la géométrie du désir mimétique
c’est ce “moi “ nouveau qui désormais portera le soigné délié des enchainements du passé .
tout comme l’enfant se détache de son point d’attachement par l’acquis des imitations répétées .
la relation thérapeute /patient est donc complexe , dynamique, mouvante , du stade du questionnement préalable à celui de l’induction , de la transe et de sa sortie, de la phase post hypnotique .
elle s’éclaire par le triangle de la réciprocité mimétique - soignant/but/soigné - au delà de la rivalité mimétique marquée içi par le désir du soigné de s’approprier la thaumaturgie .
“ Dire que nos désirs sont imitatifs ou mimétiques signifie qu’ils s’inscrivent non dans leur objet ou en nous mêmes, mais dans un tiers , le modèle ou médiateur dont nous imitons le désir dans l’espoir de lui ressembler “ dit rené Girard
avant de passer au stade autonome de la création .
tout ceci , au delà de la littérature et de l’anthropologie , est contenu dans l’echange humain .
Déja dans le “ close up “ du questionnement préalable , le patient n’est pas passif mais réactif face au thérapeute :Il n’a pas mis de coté tout son savoir , mais il “ s’ouvre “au patient .
Les réponses du patient sont des boucles rétroactives qui vont influer le cours du questionnement , l’attitude et les perceptions du soignant , et par voie d’enchainements pas toujours conséquents , les “ paquets “ d’echange avec le soigné : il se forme un “ entre-deux “ instable où l’émotion le dispute à la raison.
Le talent du soignant sera alors de déméler les signaux que lui renvoie le sujet qui interpellent sa propre sensorialité , perception et compréhension de façon à déterminer si l’hypnose est bien appropriée et quelle approche est la plus adéquate au cas présent pour que s’établisse un pont adéquat au travail reciproque , - sensitivités accordées -une fois l’état de transe installée- esquisse qu’il pourra retoucher, conjointement aux réactions du patient qui deviennent la trame de son propre travail - au fur et à mesure du déroulement , du mouvement de cette évolution .
c’est un peu la même approche qu’un réalisateur de film qui par touches successives installe le scénario avec des situations propres à déclencher le meilleur des capacités des acteurs qui réagissent avec leur sensibilité et leur talent ce qui peut réorienter le réalisateur dans le plan de la scène . Par ricochet les scènes projetées vont stimuler - et pas - l’imaginaire du spectateur qui absorbe et restitue l’action selon sa propre sensibilité et capacité d’analyse .
Ainsi en hypnose : au delà du simple mime du “désir “ que le thérapeute exprime par le choix de son approche , le patient prend la vague et surfe à son gré , à charge pour le soignant d’etre vigilant en observant les réponses dont les signes corporels - les mimiques - que lui renvoie ce dernier .Et bien sûr en calant sa stratégies sur ces signaux .
Dans cette phase préalable, le patient peut enfin se focaliser sur une question ou bien celle çi declenche chez lui une réaction qui anticipe le travail même de l’hypnose : il “imite“ le questionnement et en se “ retrécissant “ sur un point précis ( Janet) il peut déja entrer “ en hypnose “
le processus est identique dans le questionnement homéopathique ( cf Homeopathie et Hypnose , similitudes sur ce site ) par ailleurs la “ réciprocité mimétique “ de l’accompagnant / accompagné se retrouve aux niveau de leurs interéactions : l’insight et les “ perturbations “ potentielles du soignant peuvent se “traiter “dans le va et vient du transfert/contretransfert pour reprendre le terme psychanalytique qui image la relation en hypnose :
georges Devereux a souligné ce fait dans “ Psychothérapie d’un Indien des Plaines “ : chacun devient peu ou prou le thérapeute de l’autre . Après une séance active , aucun des deux n’est tout à fait le même : panta rei , disait Héraclite ......., tout s’écoule se change et s’echange .
Paracelse l’a dit aussi ( A. Koyré) : “personne ne peut entendre ce qu’il n’a pas eprouvé lui même , personne ne peut comprendre un autre s’il ne peut - en une certaine mesure - s’identifier avec lui , faire revivre en soi ses sentiments , se mettre à sa place , sentir comme lui “
les cicatrices de G. Devereux lui ont permis de mieux saisir Jimmy P , l’indien des plaines *
et jimmy P a permis à G.Devereux de mieux s’accommoder de ses propres coutures .
Nul besoin bien sûr d’eprouver en soi le ressenti du patient mais les propres expériences de vie aide à mieux comprendre et traiter .
Il ya là une des causes d’echec de l’hypnose , comme de tout autre thérapie .
en résumé pour cet entretien préalable :
- empathie vigilante et attention
-éloignement - mais pas disparition - du savoir acquis
-approche non seulement intellectuelle mais “ sensitivomotrice “
-réactivité et adaptation aux signaux du patient.
-coopération enfin .
enfin le soigné ne fonctionne pas seulement - au moins à ce stade - en état de conscience d’un “ observateur caché “ tel que le décrit Hilgard , mais il est aussi un “ observateur avisé “ : en état de détente physique , il reste mentalement concentré et focalise içi son attention sur le questionnement qu’il peut orienter selon sa propre sensitivité , ses propres connaissances et croyances , il “ perçoit “ aussi le soignant , ce qui peut conditionner le résultat : ce fait éclaire ainsi les “ ruptures de courant “ dont Mesmer à été quelquefois victime .
Et explique une partie des échecs de cette pratique .
L’attention du soigné est en effet divisée : une partie focalisée , une partie flottante: mais cette partie flottante reste comme un nuage sur la tâche en cours - , l’activité cérebrale est forte avec une concentration soutenue sur ce que le patient fixe ; image , récit , gestuelle etc : comme avec un téléobjectif , il s’extrait de l’ensemble du tableau pour se focaliser sur une seule partie: on retrouve la notion d’aveuglement attentionnel pour le reste du tableau . et l’ouverture seconde du champ des possibles .
Et cette partie , il va d’abord la chercher dans l’expression du soignant avant de se l’approprier et de la remodeler .
Du fait de cette subjectivité , l’hypnose est donc souvent faillible . D’où la nécessité de la pratiquer non pas de façon isolée mais en réseau : l’hypnose est un des maillons de la chaine thérapeutique à coté d’autres approches psychologiques ou pharmacologiques, classiques ou alternatives .
/l’Induction de l’Hypnose : c’est tout simplement le décalage ou le brouillage des perceptions actuelles . Ceci permet un déplacement - donc un mouvement - du sujet - le plus simplement du monde et Roustang le dit fort bien : un changement de posture peut etre source de modifications de perceptions donc de changements .
: le soigné est toujours en observation du thérapeute et chacun de ses gestes est “ imité “ et cette imitation , on la vu , tend vers la création , la réalisation d’un but qui est içi la résolution de la problématique
et ce simple déplacement entraine une autre perspective , une autre relation avec la problématique , une autre perception aussi et la possibilité de deplacer , de “ dépasser “ l’entrave actuelle .
“ l ’hypnotiseur a pris la place du moi “ a dit un jour Freud Il n’est pas passé loin du désir mimétique . Mesmer empétré dans cordes , baquets et limailles n’est pas passé loin de la relation Paracelse lui au contraire ,s‘ est plongé - et souvent noyé - dans cet bouillonnement qu’a bien mis en évidence le marquis de Puysegur .
mais pour beaucoup cela rappelle la Fascination ; Donato en est une grande figure historique :
Street Hypnose et Spectacle en sont les héritiers directs .
Braid, le père du terme “hypnotisme “ se “ focalisa “ sur la fascination visuelle : le sujet en se retrécissant sur l’objet fixé se “ dissociait “ au sens de Janet .
le regard a donc surtout été retenu , mais la voix , les bruits , l’odeur , les gestes ,les danses , l’exécution des rites sont tout autant déclencheurs :
loin de notre société occidentale les rites yoruba le montrent bien ; le rythme des drum roll , des percussions , les battements de main scandés , les mélopées répétitives du choeur de l’assemblée,les danses , l’odeur des herbes brulées ont un effet aussi puissants que les breuvages avalés ,que les incantations , offrandes et sacrifices .
.En s’y fixant (focalisant ), le “ criseur “ se dissocie et va chevaucher le loa , trouver - et pas - réponse à son problème , à ses interrogations dans le fil renoué des ancetres , de son appartenance culturelle , autre image de l’interréaction universelle :
mais ceci nécessairement avec le Houngan médiateur dont il imite le désir pour mieux lui ressembler et le dépasser .
sur un autre continent les “chuchoteurs de voix “ induisent le même processus : le film “ l’homme qui murmure à l’oreille des chevaux “ ( R.Redford) montre le travail d’un de ceux ci et le double résultat sur le cheval et la jeune fille, par la double interréaction , initiant la double “résurrection “
criseur /chuchoteur , métaphore du binome soigné/soignant .
le rôle de la musique est évident au cinéma : de la bande annonce à l’accompagnement de la scène qu’elle éclaire , supporte , renforce : l’ Harmonica de Ennio Morricone (Il était une fois dans l’ Ouest ) ne rappelle pas seulement le glassArmonica de Mesmer , il accompagne la lente évolution des séquences tout comme les “ cordes crissantes “ de Hermann (Psychose de Hitchock ) soutiennent et renforcent l’intrigue jusqu’au final . Badalamenti ( B.O de Twin Peaks ) décrit bien ce rapport musique/cinéma : donner un autre sens au temps , donner un autre temps à la durée , donner une autre durée à l’espace : toutes ces modifications se fondent dans les changements de plan , la succession des scénes : Lao Tseu n’est pas loin
.
Ceci souligne la place importante que la musique tient dans le processus libératoire de l'Hypnose
“ les parfums , les couleurs , les sons se répondent “ ecrivait Beaudelaire
john Steinbeck est évocateur ; “ il y avait dans l’air une odeur d’herbes roussies qui se mélaient aux senteurs amères de l’écorce des saules et au parfum des lauriers “ ( Au Dieu Inconnu )
toutes ces perceptions /sensations ressenties se retrouvent bien en hypnose .
la fascination visuelle est cependant la plus pratiquée dans l’histoire de cet empirisme -Elle est intéressante à considérer dans l’ E.M.D..R .
le balayage de la main devant le visage peut entrainer chez le sujet , focalisé sur sa problématique , des mouvements des globes oculaires permettant selon les tenants de cette pratique de déstructurer les émotions pathogènes , préalable à une reconstruction cognitive :
un toucher rythmé- alterné - d’une partie du corps (genoux ) peut produire le même effet .
c'est le Tapping anglo saxon .
Il souligne l'importance fondamentale de ce toucher dans le retour de l'individu à son intégrité et surtout le rétablissement de liens sociaux souvent distendus ou rompus dans les pathologies mentales .
on retrouve le couple : hyperfocalisation ( sur la problématique ) /dispersion attentionnelle ( balayage oculaire , tapping )
cette pratique serait surtout intéressante dans les suites de traumatisme dont l’ ESPT .
là aussi - sans préjuger de la valeur de cette méthode qui est du domaine général de l’hypnose - on retrouve bien la Fascination qui n’est autre que l’imitation par le soigné d’un mouvement analogue à celui exécuté par le soignant et cette imitation n’est içi aussi que que le substrat du réel désir- supporté par l’activation des neurones miroir - pour le but recherché- la guérison - vers qui tend le binome soignant/soigné avec la boucle rétroactive imitation /invention.
“‘Ce n’est pas pour rien que le miroir, le bouchon de la carafe, voire le regard de l’hypnotiseur sont les instruments de l’hypnose. La seule chose qu’on ne voit pas dans l’hypnose, c’est justement le bouchon de carafe lui-même ou le regard de l’hypnotiseur, à savoir la cause de l’hypnose. La cause de l’hypnose ne se livre pas dans les conséquences de l’hypnose.(Lacan, 2004 : 132) “
la fascination - içi du regard car il ne s’intéresse guère à la voix ou autre - serait donc pour Lacan la cause de l’hypnose :
dans le film Inception la toupie est un “ totem “ selon Chris Nolan
son mouvement marque l’induction et son prolongement la transe : tant qu’elle tourne , Cobb reste dans l’ état de “ rève “
or ce n’est pas dans le regard , ni dans le mouvement de la toupie qu’il faut chercher la cause de l’hypnose , du rève de Cobb , mais sans doute dans ce qui est sous jacent à ce regard , à ce mouvement :
le désir mimétique et sa coproduction ; le mouvement d’une déstructuration évoluant vers une reconstruction : celle d’un “ Moi “ autre que l’actuel .
le patient imite et prolonge , répéte un mouvement vers la guérison qui est la production conjointe du désir soignant/soigné . Cette répétition se fait au long des séances d’hypnose qui supportent le patient dans le travail de déliaison /construction, travail qui dépasse la simple imitation /répétition .
et tout comme chez René Girard tout ceci ne se passe pas sans violences mais une violence intérieure , intrapersonnelle et non sociétale , qui se manifeste par des mouvements corporels qu’il faut savoir décrypter tout au long de de l’élargissement du temps et de l’espace, de ce passage de l’induction à la transe et y participer par la voix et ses intonations , la gestuelle ou le silence .
/la Transe : ce n’est pas un état , plutôt le moment suspendu d’un mouvement arrété .
Cet arret , ce blocage signe la problématique pathologique à partir desquels se constitueront les enchainements pathologiques - les agrégats selon Janet -qui bloquent le soigné . La transe est donc ce moment hors du temps/espace présent où pourra - et pas - se faire l’évolution du soigné vers le dénouement des liens pathologiques et la reconstruction cognitivo comportementale : la prise de conscience que Jericho est possible , qu’un homme nouveau pourra diverger du passé après la fusion du désir soignant/soigné , chimère transactionnelle , passage parfois obligé tout comme la porte peut
symboliser le chemin de l’avant à l’après , comme dans la théorie de l’évolution des divergences phénotypiques peuvent succéder à des périodes de fusion du matériel génétique .
la Transe est donc un mouvement vers une autre dimension que la conscience actuelle , nouvel espace/temps de perlaboration , espace plein où le thérapeute n'est pas absent mais au second plan , espace de travail où le patient - avec ou sans aide - se reconstruit sur les éléments qui l'ont désorganisé pour refonder une nouvelle entité qu'il pourra projeter dans le nouvel actuel qu'il se crée et qui désormais va le porter .
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* NB Nous sommes dans cette perspective loin de “ l'Hypnose distractionnelle “ fort bien utilisée parfois en anesthésie ou pour des soins douloureux : Dans ce cas , il s'agit simplement d'un écartement du temps actuel , celui de l'intervention chirurgicale , du soin et non d'une pratique à visée thérapeutique .
.Le patient est invité à rejoindre un espace /temps agréable dont les sensations supplantent celles de l'intervention ou du soin .Il n'y a donc pas intervention sur une quelconque pathologie de l'individu .
Cette hypnose " légère " nécessite certes un apprentissage mais pas aussi approfondi . Elle est en fait peu différente de celle du Conteur , tout aussi efficace . Seules la voix et la capacité à éveiller l'imaginaire comptent .
Elle peut être utilisée dans toutes situations où l'émotion amplifie la situation comme les soins s de première urgence .
Elle sera sans doute remplaçée par des CASQUES DE REALITE VIRTUELLE * diffusant images et sons , libérant ainsi un personnel plus utile ailleurs dès que ces casques - et les images et sons de synthése - seront plus abordables financièrement .
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Paracelse , aussi décalé que cela puisse paraitre , n’est pas loin : au lieu de la transmutation des métaux qu’il n’a jamais pratiqué , il “ transmute “ la matière primitive , le Mysterium, en une forme nouvelle , dynamique , par un travail de désintégration : la classique fermentation/distillation/ calcination /alchimiste jusqu’ à obtenir la quintessence et passer de la “ nature naturante “ à la “ nature naturée “. Ainsi , en hypnose , la libération des agrégats permet de trouver une nouvelle dynamique et la possibilité d’un autre futur .
Une autre Forme de l’individu , idéalement " le plus haut sens " dirait Rabelais .
ce travail est déja commencé lors de l’induction qui brouille et décale les repères actuels : cette dissociation se poursuit avec l’aide du thérapeute qui utilise voix ,musique , gestes, silences , . Ceux ci permettront au soigné de construire la propre sortie du tunnel où il se trouve .
la symbolique de la Porte est évocatrice : l’ouvrage de Pascal Dibie le démontre bien .
- il peut s’agir de métaphores , - l’utilisation des auteurs classiques fait merveille . -il peut s’agir de jeux , jeux de stratégie , réels ou virtuels dont on ne dira jamais assez l’importance . --il peut s’agir de simples exercices physiques selon les dispositions du soigné :
Il peut s'agir aussi de musique , de danse etc
et dans ces cas sous le classique relâchement du tonus corporel général , il ya une vigilance accrue dont témoigne l’activation de certaines zones cérébrales retrouvées en neuroimagerie ,par mesures du débit cerebral , de l’activité electrique du cerveau, du recueil des données hormonales .
l’hypnose ne se standardise pas en quelques schémas.
et il n’est pas interdit au thérapeute de quitter son bureau et comme Mesmer dans les rues de Paris , comme de Puységur dans la campagne , d’accompagner extra muros le patient :
a titre d’exemple ,
on peut emmener le soigné - et sa problématique -soit de façon statique en salle de gym soit de façon dynamique en vélo sur piste cyclable pour un trajet de trente minutes et quelques kms , commenté avec les paysages , les obstacles sur la piste , a coté de la piste , en liant cela avec la distance qu’il reste à parcourir , les obstacles que rencontrent le sujet , qu’il peut voir , heurter, contourner , le cycliste devant dont il peut aspirer la roue comme il peut accélérer le processus de déliaison de la pathologie , la vue qu’il peut admirer - la mer comme les montagnes couronnées de nuages ou de neige- tout cela comme une difficulté qu’il peut surmonter , le but désiré qu’il peut atteindre .
il s’aligne , se synchronise , - corps et esprit - sur la gestuelle , le rythme de la progression tout comme il peut imiter le rythme , l’allure des autres cyclistes et cette évolution va entrainer une évolution de sa perception , un mouvement de son être actuel vers un possible devenir :
cela peut s’accompagner aussi d’une remontée de souvenirs - cheminement bien préférable aux termes discutables de “ régression en âge “ d’origine psychanalytique - au fil de la balade , au fil des obstacles rencontrés , contournés / surmontés , au fil du changement du paysage environnant , tout comme au cinéma l’esprit du spectateur se modifie au fil des scènes et ce mouvement peut aussi l’amener à une évolution d’émotions , de sentiments sinon de résolutions si pour lui - comme la randonnée - le film résonne de changements potentiels :
Qui n’est sorti d’une salle obscure , l’esprit changé , parfois comme “lavé “ les yeux ouverts sinon désillés , avec un état d’esprit nouveau ?
le sujet peut suivre - et pas - le script de la promenade , s’en aller dans son propre ailleurs mais il est rare que des fragments ne ressurgissent et se coordonnent , que de nouvelles associations ne se créent , liées - et pas - à la thématique de cette balade : ces associations sont évolutives , elles l’ accompagnent dans la progression du parcours .
parallélement le thérapeute “ accompagne “ le soigné dans les étapes de son changement d’esprit . il se cale sur les signes corporels, respiratoires , gestuels, exclamatifs etc en modifiant ses propres réactions sur lesquelles le soigné va pouvoir rebondir - et pas -
cela il peut aussi se faire lors d’une sortie avec un claustrophobe , un agoraphobe etc
cet accompagnement physique est en général très positif et ce que l’on dit , les gestes qu’on fait n’ont guère d’importance ; le sujet “dépasse “ les paroles , la gestuelle , l’ intention et va - et pas - réaliser le but commun ce qu’on appelle un peu à tort la “ guérison “ qui est la sortie de l’ enfermement sur le ou les symptômes qui l’enkystent pour retrouver une vraie mobilité mentale, une pensée claire , un agir signes de la bonne santé .
Il en est de même dans les techniques d’expression corporelle - Tai Chi par exemple - , dans les expressions artistiques - dont le Théatre - , fort utiles pour permettre au soigné de retrouver la fluidité du mouvement comme de la pensée au delà de son “ actuel “ qu’il dépasse ,tout comme la Danse et la Musique - déplaceuses d'émotions - déja évoquée plus haut .
avec l’intéret en plus du renforcement mental par l'exercice physique dont on sait aussi le bienfait sur cerveau mémoire , cognition , comportement .
on rejoint les thérapeutiques Mind/Body , dont les programmes MBSR initiés par Jon Kabat-Zinn aux USA dans la gestion des maladies du Stress , à base de techniques dérivées de Relaxation/ Méditation/Yoga/TCC puis appliquées aux etats depressifs - MBCT - et aux états de stress post traumatique :- programmes M -FIT de l’ armée US ( Mindfulness Based Fitness Training )
dans l’exemple çi dessus - randonnée cycliste - l’hypnose peut etre substituée par un programme de ce type : Il y a complémentarité de ces approches , bien que le socle neurobiologique et le mode d’action soient différents .
et tout ceci peut se prolonger en travail post hypnotique , car la répétition est nécessaire à l’apprentissage , au nouveau cablage du réseau cérebral .
Si l’hypnose ne crée pas stricto sensu le réel selon l ‘expression de Melchior , en surfant sur ce lien mimétique qu’est le désir , elle peut permettre , de façon aléatoire - mais selon le scénario choisi par le patient parmi les multiples possibilités ouvertes pendant la transe , une évolution positive hors des enchainements automatiques pathogènes qui le lient , vers un nouveau réel :
c’est ce changement de position face aux pensées , affects , émotions du présent qui marque le travail de l’hypnose , dans un espace/temps autre que l'actuel: Il ouvre la possibilité de la “ guérison “ qui n'est pas la restitutio ad integrum mais la refondation d'un autre réel ,différent de l'avant , par l' éloignement , l'effacement de l’entrave pathogène .
et le thérapeute va lui aussi évoluer au cours de ce “ voyage “comme le thérapeute de Jimmy P ( l'indien des plaines )
Cette démarche thérapeutique n’est pas réductible aux sciences dures ,
elle peut etre - et pas - une Invention commune de qui l’imagine , la construit et de qui l’amorce .
ainsi fluctue l’ Hypnose .
On peut prendre le fluide universel de Mesmer comme métaphore , et prolonger cette métaphore
en estimant provisoirement ou partiellement - car l’hypnose est tout sauf statique , chacun pouvant apporter sa pierre à cette construction en perpétuel devenir :
qu’au delà d’une coproduction où chaque partie est active par ses sensations , sa culture , son imaginaire , ses désirs etc
elle est un mouvement , une évolution , une force d’attraction et de réarrangement :
Universelle au sens des interéactions générales de l’Unus Mundus ( Paracelse )
Mimétique au sens de désir ( Spinoza R Girard )
Dynamique au sens de mutation évolutive ( Darwin)
Dialectique au sens de mouvement ( Héraclite , Boudha , Lao Tseu )
Par l’hypnose médicale le patient peut - et pas - se remettre dans le flux universel de la vie .
§
les Mouvements de l’ Hypnose susciteront toujours des Moments d’Intérêt et de Passion .
§
Ziguinchor Sn décembre 2012
Mis en Ligne 31 mai 2013
Mise à jour 30 septembre 2013
Relecture et corrections decembre 2014
texte protégé © 2013 www.devernon.org
alain Lemoyne de Vernon
Docteur en Médecine
06000 Nice
CMV
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